Extraits philosophiques

Electrique

Les plus riches pourront conduire… plus loin
En somme, plus la voiture est chère, plus elle dispose d’autonomie. Concept pour le moins curieux qui veut que les plus riches pourront conduire plus loin et plus longtemps que les plus modestes ! Avant, le prix fort traduisait surtout le luxe des finitions, la puissance, le confort, le look, la marque… mais pas l’autonomie. Étrange conception de la liberté. Elle s’explique par un fait tout simple : la batterie est, de loin, ce qui coûte le plus cher (40 à 50 % du prix de revient du véhicule).
En attendant, le consommateur lambda se contentera donc de ses 300 kilomètres en moyenne – ce qui représente environ la moitié d’un véhicule thermique –, en priant pour que cette autonomie soit respectée. Parce que là encore, rien n’est moins sûr que les promesses, toutes théoriques, faites sur catalogue par le constructeur.
C’est d’ailleurs une autre curiosité de l’électrique. Tout concourt à épuiser une batterie, dans des proportions bien plus gigantesques qu’une conduite inappropriée en voiture thermique. La moindre accélération, la moindre vitesse rapide, le moindre dépassement des 110 km/h sur l’autoroute provoquent une chute spectaculaire de l’autonomie.
Oubliez aussi votre confort ! La climatisation l’été, un luxe qui appartient au passé. Le chauffage l’hiver, une quasi-incongruité. Qu’il s’agisse du froid ou du chaud, les deux pompent vertigineusement les capacités de votre pile. Au point que les constructeurs ont souvent prévu un système de mise en route de la climatisation ou du chauffage à domicile, l’idée étant de refroidir ou de préchauffer votre voiture au garage, pendant que la batterie est en charge… Ou un chauffage des sièges, beaucoup moins énergivore, paraît-il, que la traditionnelle soufflerie.
Si possible, évitez d’habiter les massifs montagneux – l’électrique n’aime pas les côtes – ou les régions froides : un véhicule garé la nuit dans une rue où la température passe en dessous de 0 degré peut perdre jusqu’à 15 % de son autonomie. Même la chaleur a un impact sur la performance de la batterie. C’est aussi vrai des éléments de sécurité (phares, essuie-glaces) qui pompent de l’énergie dans des proportions sans rapport avec leur impact sur la consommation de votre ancienne voiture qui roule au super. La multiplication de ces pièges à énergie rend plus qu’aléatoire l’autonomie annoncée par votre constructeur.
D’ailleurs, autre particularité de l’électrique, les autonomies dont on fait la publicité sont le plus souvent calculées pour une circulation en ville… Pour une bonne et simple raison : c’est sur ces circuits que l’électrique consomme le moins ! L’autonomie de la Dacia Spring, que nous évoquions plus haut, est donnée à 227 km en ville, elle tombe à 156 km sur route et s’effondre à 110 km sur autoroute, moitié moins qu’en ville ! (Données calculées par L’Automobile magazine.) Ce qui vaut pour la Dacia Spring vaut pour tous les autres véhicules électriques : entre ville et autoroute, les écarts d’autonomie sont confondants ! Quel véhicule thermique – qui, logiquement, consomme plus en ville – offre ces piètres performances ? Où a-t-on le plus besoin de l’autonomie de sa voiture ? En ville ou sur la route ? D’où va-t-on chasser la voiture ? De la ville ou des campagnes ? Ce n’est pas la moindre des contradictions de l’électrique.

Voiture électrique : ils sont devenus fous !
Pietri, François-Xavier.
Éditions de l’Observatoire, 2022.

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