Des contes et des hommes

La case des jours de pluie

La case des jours de pluie

Conte burkinabé

Toutes les bêtes de la brousse se réunirent, disant qu’elles allaient faire une grande case à cause de la pluie. Mais le lièvre refusa de venir, disant qu’il était malade, chaque fois qu’on l’envoyait chercher. Cependant, on termina la case et trois jours après la pluie commença à tomber. Le lièvre accourut au grand galop pour s’y réfugier, mais les autres bêtes l’en chassèrent, indignées. Le lièvre resta donc dehors, exposé à la pluie, puis le soleil revint et toutes les bêtes se dispersèrent dans la brousse pour aller chercher leur nourriture. Le lièvre, de son côté, se procura une très grosse flûte. Cinq jours après, la pluie commença à tomber. Le lièvre arriva en courant et entra le premier dans la case avec son instrument. Il chercha un coin où il se cacha bien. Cependant, les autres bêtes entraient à leur tour. Quand elles y furent toutes, le lièvre se mit à jouer de la flûte avec violence, ce qui effraya tellement les bêtes qu’elles s’enfuirent en s’écrasant. Dehors, cependant, elles finirent par s’arrêter et on se demanda : « Qu’y avait-il dans la case ?
–  Je n’en sais rien, je n’en sais rien », répondaient les bêtes. L’éléphant ordonna alors à l’outarde d’aller voir ce qu’il y avait. Quand l’outarde arriva, le lièvre se remit à jouer de la flûte avec fureur et l’outarde, se sauvant, alla dire que la chose effroyable était toujours dans la case. L’éléphant eut alors l’idée d’envoyer le chat qui, marchant sans bruit, pourrait arriver à la hutte sans donner l’alarme et verrait prudemment ce qu’il y avait dedans. Le chat se cacha au bord de la porte et entendit de nouveau le bruit, le lièvre soufflant sans fin dans sa flûte. « Il n’y a pas moyen de rentrer, dit le chat. La chose redoutable fait toujours du bruit. » L’éléphant alors envoya la hyène. En approchant de la case, celle-ci entendit du bruit et se sauva sans même aller jusqu’à la porte : « Je suis entré dans la case, dit-il, et la chose a voulu me donner un coup de lance. Je me suis enfui, elle m’a poursuivi, mais n’a pas pu m’attraper. Enfin, bref, je suis sain et sauf et me voici.
–  S’il en est ainsi, dit l’éléphant, il faut abandonner la case. N’y allons donc plus. » De ce jour, les animaux abandonnèrent la case au grand profit du lièvre qui en fit son lieu de refuge ordinaire pour les jours de pluie.

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