Des contes et des hommes

Le papier peint

Le papier peint

Un homme qui vivait seul s’installa dans un appartement nouvellement construit. Il s’agissait d’un appartement de deux pièces situé dans une de ces tours qui s’élevèrent, au xxe siècle, un peu partout.

Cet homme, d’un naturel courtois, décida de se présenter à ses nouveaux voisins, qui le reçurent aimablement. En dernier lieu, il frappa à la porte de l’appartement situé juste au-dessus du sien. Un homme vint lui ouvrir, le fit entrer, parut enchanté de cette démarche et offrit au visiteur un verre d’un assez bon porto. C’était un homme qui vivait seul, lui aussi, dans un appartement de deux pièces exactement semblable en raison des normes de construction, à celui du nouveau locataire.
Au cours de la conversation, ce dernier remarqua le papier peint qui recouvrait les murs du voisin du dessus.
– Il vous plaît? demanda le voisin.
– Il me plaît beaucoup. C’est le papier peint le plus agréable, le plus séduisant que j’aie jamais vu.
– Si vous le désirez, je peux vous dire où je l’ai acheté. – Je veux bien.
Le voisin du dessus donna l’adresse du magasin. Après quoi le nouveau locataire demanda, en constatant que l’appartement tout entier était recouvert du même papier:
– Et combien de rouleaux avez-vous achetés?
– J’ai acheté vingt-huit rouleaux, répondit le voisin du dessus.

Le nouveau locataire remercia vivement et se retira. Dès le lendemain, il se rendit au magasin indiqué, trouva le même papier peint et s’en fit livrer vingt-huit rouleaux.

Il se mit aussitôt au travail et il tapissa entièrement son appartement, sans oublier le moindre recoin. Cependant, à sa vive surprise, quand il eut terminé son travail, il constata qu’il lui restait dix rouleaux de papier, dont il n’avait aucun besoin.

Aussitôt, il monta à l’étage au-dessus, sonna. Le voisin vint ouvrir, le fit entrer en souriant, le fit asseoir, lui offrit un verre de porto.
– Pardonnez-moi de vous déranger, dit le nouveau locataire, mais je suis quelque peu intrigué. J’ai fait ce que vous m’avez dit, j’ai acheté vingt-huit rouleaux de papier peint, j’ai tapissé tout mon appartement, qui est exactement le même que le vôtre, et il me reste dix rouleaux de papier!

– Oui, dit le voisin du dessus. À moi aussi.

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