N’oubliez pas
N’oubliez pas les enfants
Marine se lepénise
Jeudi 8 décembre
Tension au Front national entre les deux bouts du bâton : le bout mariniste, économiquement gauchiste, sociétalement sans opposition au mariage homosexuel ou à l’avortement, portant haut le flambeau républicain, revendiquant la laïcité, et le bout marioniste, économiquement libéral, sociétalement anti-mariage pour tous ou opposé à l’avortement, se disant « gavé » par les valeurs de la République et prompt à la génuflexion devant la messe en latin. Marine la fille a tué le père que Marion la petite fille ressuscite.
L’arrivée inattendue de François Fillon en tête de la course des primaires de la droite rebat les cartes au FN : la stratégie filiale est-elle la bonne ou faut-il préférer l’option petit-filiale pour lutter contre ce nouveau venu qui leur fait de l’ombre électorale ? Marine et le logiciel du PCF des années Marchais, version bulldozer dans les foyers Sonacotra ? Ou Marion et celui des libéraux des années Madelin, version « Salauds de pauvres » ? Ça branle dans le guidon frontiste…
Marine Le Pen, dont la stratégie présidentielle était de laisser faire, de se taire et d’engranger les promesses de vote, se voit contrainte de sortir de sa tranchée et de remonter… au front.
Ce matin, elle met un coup de barre à l’extrême droite, ce qui doit réjouir son père. Elle dit : « La solidarité nationale doit s’exprimer à l’égard des Français. Je n’ai rien contre les étrangers, mais [sic] je leur dis : si vous venez dans notre pays, ne vous attendez pas à ce que vous soyez pris en charge, à être soignés, que vos enfants soient éduqués gratuitement, maintenant c’est terminé, c’est la fin de la récréation. » La nausée me prend.
Les enfants n’ont rien demandé. Ils sont là parce que leurs parents, pour de bonnes raisons (fuir la mort ou la misère) ou de moins bonnes (profiter d’un système de protection sociale sans vouloir y contribuer), mais peu importe ici, ont choisi de venir en France.
La santé des étrangers et l’éducation de leurs enfants grèvent moins les budgets que la fraude fiscale massive dirigée vers les paradis fiscaux contre laquelle aucun politicien ne s’insurge ou l’absence du paiement de l’impôt par de grandes entreprises du CAC 40. Soignons et éduquons sans demander les papiers, et ce, avec l’argent recouvré auprès de ceux qui le doivent.
Comme tous les autres candidats aux présidentielles, Marine Le Pen ajuste son discours pour produire des effets politiciens, voire politicards. Ce jour, elle agite le drapeau brun pour ressouder les rangs, signe de gîte et de tangage dans le bateau. On peut désormais ajouter un cinquième larron à la bande des quatre.
Carnets de campagne.
Michel Onfray.
Humensis, 2017.