Extraits littéraires

Librairie

Dans le bain
Vingt et une heures quarante-cinq, c’est le moment que je préfère pour me détendre dans un bon bain. Cela a le don de rendre fou mon mari, puisqu’il doit régler le thermostat pour que la température de l’eau soit parfaite (à savoir, à peine plus froide que la surface du soleil), et veiller à ce que la baignoire soit toujours bien pleine. C’est un vrai luxe. Sauf que je n’aime pas l’huile pour le bain. C’est dégoûtant, vous ne trouvez pas ? Cela recouvre tout. Bref, ce n’est pas le sujet. Lire dans son bain. Les livres de poche sont idéaux, c’est évident, et le pire qui puisse arriver, c’est d’avoir à les faire sécher sur le radiateur (tous les Harry Potter qui sont passés entre les mains de mes enfants sont gondolés), mais je bouquine aussi beaucoup sur ma liseuse électronique. Vous voulez connaître mon secret ? Je tourne les pages avec mon nez ! Vous n’avez peut-être pas la chance d’avoir un magnifique nez italo-écossais comme le mien, à la Peter Capaldi (vous savez, Doctor Who), mais, avec un peu d’entraînement, vous devriez vite vous rendre compte qu’il est tout à fait possible de garder l’une de vos mains dans l’eau et de tourner les pages en même temps. Si l’un de vos proches a l’habitude d’entrer dans la salle de bains sans prévenir, assurez-vous de fermer la porte à clé, car, d’après mon expérience, les gens trouvent ce spectacle désopilant.
Sinon, mon amie Sez, elle, se sert de ses deux mains : elle met sa liseuse dans un sac plastique. Malin !
Au lit
Le seul problème quand on bouquine au lit, c’est que cela ne dure en général pas longtemps : deux ou trois pages, et on tombe comme une masse. Si vous avez eu une journée particulièrement longue, vous risquez de flotter entre l’état de sommeil et celui de veille, avant de vous assoupir pour de bon. Résultat, le lendemain soir, en reprenant votre livre, il est possible que vous vous demandiez : y avait-il une licorne rose dans ce livre ? Elle traversait une salle d’examen en courant, et je la poursuivais en pyjama… Et je devrais vous répondre non. Il n’y a rien de tel ici. Vous piquiez du nez, et j’ai bien peur que vous deviez retourner quelques pages en arrière. Toutefois, pour vous aider, j’ai donné des prénoms très différents à tous les personnages. Il n’y a rien de pire que de suivre les aventures d’une Cathy et d’une Katie tard le soir, et je ne tiens pas à vous compliquer la vie : elle l’est déjà suffisamment comme cela.
Sur un transat
En vacances, sur un transat : l’endroit rêvé pour lire, en théorie. D’ailleurs, j’ai toujours évalué les romans que je lisais à l’aune de mes coups de soleil. Mais il y a malgré tout un problème : comment tenir son bouquin ? Si on le tient en l’air, nos bras se fatiguent, et on finit avec une marque de bronzage en forme de livre (la preuve ultime du cool dans certains cercles, d’après moi). Si on lit face au soleil, on finit par plisser les yeux d’une manière peu élégante. S’asseoir en tailleur sur sa serviette n’est pas la position la plus flatteuse (si vous êtes comme moi : j’ai tendance à m’affaisser un peu). Si on se couche sur le ventre, on transpire, et les morceaux de plastique du transat nous coupent. Le nec plus ultra, si vous arrivez à vous en procurer une, ce sont les super chaises longues pour vieilles dames équipées d’un toit parasol. Oui, elles sont parfaitement ridicules. Mais bon, on est confortablement installé pour lire, au contraire de tous les autres, alors on est encore gagnant.

La charmante librairie des jours heureux
Jenny Colgan.
Prisma, 2021.

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