Des contes et des hommes

Les yeux

LES YEUX D’ALEXANDRE LE GRAND

Alexandre le Grand a déjà conquis la moitié de la terre. Aucune armée, aucun pays, aucune contrée ne lui a résisté. Il est le maître du monde.
Il arrive un jour avec ses compagnons sur un marché du Punjab. À travers la foule dense, il aperçoit l’étal d’un vieux marchand.
Il laisse la bride de son cheval à l’un de ses compagnons, s’approche du vieil homme et lui demande:
– C’est combien?
Devant le marchand, deux yeux humains sont exposés sur une table. Le vieil homme répond:
– Il n’y a pas de prix. Nous prendrons une balance, sur l’un des plateaux nous poserons ces deux yeux et, sur l’autre plateau, tu verseras de l’or. Quand l’or sera plus lourd que les yeux, ils seront à toi.
Alexandre le Grand possède de l’or en quantité.
Il fait venir ses compagnons et leur ordonne de verser de l’or dans le plateau vide de la balance.
Ceux-ci versent un premier sac, puis un deuxième, puis un troisième … Des quantités inestimables d’or
sont versées, mais les yeux sont toujours plus lourds.
Alexandre le Grand demande alors au vieillard:
– Je ne comprends pas ; ces deux yeux sont plus lourds que des kilos d’or!
– Il n’y a rien à comprendre!

Ces deux yeux sont tes yeux et tu es si avide de richesses et de conquêtes que tout l’or du monde ne suffira pas à les combler.

Praline Gay-Para

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