Extraits philosophiques

Like

Peace and like

[Pierre Mortez :] Je n’aime pas dire du mal des gens, mais effectivement elle est gentille …
Le Père Noël est une ordure

C’est juste un discret hochement de texte, un smiley sur un registre de présence, un hug paresseux où l’on s’étreint sans se toucher. .. Moins que tweet et plus que poke, le like ne parle pas encore mais il s’exprime déjà. Il dit, tout bas, «bravo », il dit «pas mal» ou bien «marrant ». Consentement désinvolte, le like recourt à l’emphase d’un doigt tendu (mais le pouce) pour couvrir un néant d’intention.
De tous les borborygmes d’Internet, l’affectueux like est à la fois le plus discret et le moins engageant. «J’te like.» Autrement dit, je t’approuve à distance, je t’encourage de loin, «j’te kiffe» un peu. Je m’en fous bien sûr, mais ce que tu fais me convient. Du coup, je te mets un pouce. Pas plus. Peace and like.

À l’exemple du fameux «I like Ike» mis en images par Walt Disney, et censé convaincre tout Américain moyen de voter Eisenhower aux présidentielles de 1952, le like est une caresse qui ne dérange (ni n’oblige) vraiment personne, un clin d’ œil qui court les posts et s’éloigne déjà, gaiement, vers d’autres proies à qui décerner la médaille de sa faveur.

Il fallait un verbe à cette froideur chaleureuse, un verbe tiède, un verbe mou, un syntagme indécis qui mêlât deux langages à la grimace affable; ce sera «liker», verbe du premier groupe, anglomane et francisé, performatif au présent (« j’te like» signifie que je suis en train de le faire), hypothétique au futur (<

Print Friendly
FavoriteLoadingAjouter aux favoris